Je souhaite à toutes et tous une très
heureuse année 2017, même si pour les militants et les adhérents de la CFDT,
cette année commence dans la tristesse. Voici le discours d’hommage à mon ami
François Chérèque que j’ai prononcé lors
de ses obsèques.
C’est
avec une grande émotion et une immense peine que nous rendons hommage à
François Chérèque.
A votre
présence nombreuse aujourd’hui se mêlent les innombrables témoignages venus de
tous les horizons, de toute la France y compris d’Outre-mer, d’Europe et de
tous les continents.
Son
départ trop tôt, trop injuste, nous rend tous infiniment tristes. François
avait encore tant à dire, à nous dire, tant à faire et à vivre.
Jusqu’au
bout, sa passion de la vie l’a porté, son combat contre la maladie il l’a mené
avec ténacité comme tous ses combats.
Toutes
celles et tous ceux qui ont croisé son chemin, agi à ses côtés, éprouvé la
force de ses convictions, partagé ses engagements, savent qu’ils perdent un ami
cher, un type bien, un grand bonhomme.
La
justice sociale a été le fil rouge de sa vie d’homme et de militant. Sa lutte
indéfectible contre les inégalités, sous toutes leurs formes, n’a cessé
d’animer l’impressionnante détermination qu’il mettait dans ses combats, qu’ils
soient syndicaux ou associatifs au service des salariés, des jeunes, des
pauvres, avec toujours l’intérêt général en ligne de mire.
Pour
François Chérèque, réformer ne consistait pas à s’adapter à l’injustice du
monde, mais à se donner les moyens de la faire reculer.
-
Syndicaliste combatif dès son entrée dans le travail comme éducateur spécialisé
auprès d’enfants autistes, il fut un promoteur décisif du renouveau du
syndicalisme tant dans ses responsabilités à l’UD des Alpes de Hautes
Provence qu’à la tête de la fédération de la Santé.
-
Visionnaire exigeant, François Chérèque, secrétaire général de la CFDT durant
dix années, a été l’artisan acharné d’un syndicalisme utile aux salariés, utile
à la société, un syndicalisme résolument ancré dans le réel, ouvert aux autres,
et proche des salariés.
-
Réformiste impatient, il a imprimé sa vision d’un syndicalisme moderne capable
de porter une analyse sans tabou sur la réalité, capable de propositions
audacieuses pour préparer l’avenir et s’engager pour les faire vivre, un
syndicalisme capable aussi de s’interroger sur lui-même avec lucidité et
courage.
-
Démocrate résolument optimiste, François s’est battu pour que les salariés
aient voix au chapitre, pour qu’ils puissent participer aux choix qui les concernent.
Il portait l’ambition fondatrice de la CFDT, celle d’un projet syndical au
service de l'émancipation individuelle et collective, porteur d'une
société plus juste et plus solidaire.
- Fin
stratège et redoutable négociateur, il détestait la tactique et les postures.
Il aimait la confrontation des idées dans le respect et la loyauté et avec une
absolue intégrité. Les désaccords pouvaient être forts mais ne conduisaient
jamais à la rupture. C’est par la voie du dialogue social, un dialogue franc et
constructif qu’il allait chercher et parfois arracher les résultats et les
avancées pour les salariés.
- Homme
libre et déterminé, François a enraciné l’autonomie de la CFDT, une autonomie
douloureusement acquise et farouchement défendue quels qu’aient été les sujets
et quels qu’aient été ses interlocuteurs du moment.
Ses
combats pour les valeurs de justice, d’égalité et de solidarité, il les a menés
dans l’exigence de la vérité, avec énergie et courage sans jamais reculer, sans
jamais faiblir, sans jamais renoncer. Avec un seul but : construire du
progrès, du progrès pour tous
Beaucoup
se souviennent de l’épisode tumultueux des retraites de 2003. Depuis cette
date, plus d’un million de travailleurs aux carrières longues ont pu bénéficier
d’un départ à la retraite avant l’âge légal. Une grande mesure de justice
sociale qu’ils doivent à la ténacité et au courage de François Chérèque et de
lui seul.
Pour lui
l’adversité n’était pas un frein, elle était un moteur. « Le courage ça se
prépare » aimait-il rappeler. Le sien venait de loin.
Il venait
de la puissance de ses convictions et de sa profonde humanité.
- Une
humanité forgée auprès des siens et dans son métier d’éducateur.
- Une
humanité qu’il s’est attaché à faire vivre au quotidien auprès de ses proches,
de ses amis, des militants, des adhérents et partout où l’ont mené ses pas.
- Une
humanité qu’il a su mettre au cœur du plan de lutte contre la pauvreté et dans
son action pour les jeunes à la présidence de l’Agence du Service civique.
Le
deuxième ligne de rugby, dont la carrure forçait le respect était un homme
sensible, éminemment chaleureux et simple, d’une grande pudeur et d’une belle
humilité.
Sa
famille, Marinette sa compagne, Mathieu et Benoît ses fils, Marine et
Juste leurs compagnes, Léna sa petite fille, Jacques et Elisabeth ses
parents, Philippe, Marc, Pierre et Paul ses frères étaient pour lui un bien
précieux qu’il protégeait farouchement de ses engagements passionnés.
Attentif
à tous, bienveillant pour chacun, François aimait profondément les gens.
Il aimait
aller à la rencontre et à l’écoute des personnes. Une vraie et grande affection
le liait aux militants de la CFDT.
Il nous a
légué sa force et son courage, nous en sommes fiers.
Dans
l’espoir inébranlable de changer les choses, de redonner forme à la société, il
savait insuffler son imperturbable sens du collectif et son éthique de la
responsabilité.
Puissent-ils
être pour tous, un enseignement pour affronter les défis qui nous attendent.
Rêvons
que cela irrigue notre démocratie si malmenée. Ce serait le plus bel
hommage rendu à l’homme remarquable qu’il fut tout au long de sa vie.
Décidément
François, toi qui n’a jamais aimé les lundis matin et encore moins quand tes
équipes préférées avaient perdu le match du week-end, ce premier lundi de l’année
tu nous l’auras fait détesté.
François
mon ami, je veux ici te dire mon immense gratitude.
Te dire
merci au nom de tous les militants et de tous les adhérents de la CFDT et
t’assurer enfin, que dans chacune de nos actions, tu seras dans nos cœurs et
nos pensées.
Merci
François.